Le 19e arrondissement de Paris est-il dangereux ? Analyse des quartiers

mouzaia 19eme arrondissement

Vous envisagez de vous installer dans le 19e arrondissement de Paris ? Vous vous interrogez légitimement sur la sécurité de ce secteur avant de prendre votre décision. Ce territoire suscite effectivement des débats contradictoires, oscillant entre zones résidentielles prisées et quartiers plus sensibles. Nous avons analysé les données récentes de délinquance, recueilli des témoignages d’habitants et examiné les initiatives publiques pour vous offrir une vision objective de la situation sécuritaire dans cet arrondissement contrasté.

Statistiques de criminalité dans le 19e arrondissement

Les chiffres officiels révèlent une tendance encourageante pour le 19e arrondissement. En 2024, les autorités ont enregistré 18 005 faits de délinquance, contre 19 744 en 2023, soit une baisse significative de près de 9%. Cette diminution intervient après plusieurs années où le 19e occupait la première place des arrondissements les plus sensibles de la capitale. Le taux moyen de criminalité à Paris atteint 116,0 pour mille habitants en 2024, plaçant le 19e dans une situation qui nécessite vigilance sans pour autant justifier un catastrophisme excessif.

L’arrondissement a connu une évolution notable dans le classement des zones sensibles parisiennes. Traditionnellement positionné en tête des statistiques de délinquance, le 19e est désormais passé de la première à la troisième place en 2024-2025, devancé par les 18e et 20e arrondissements. Cette amélioration relative témoigne des efforts déployés par les autorités locales, même si certains secteurs demeurent problématiques.

ArrondissementNiveau de sensibilité 2024Évolution
18eTrès élevé1ère place
20eTrès élevé2ème place
19eÉlevé3ème place (en baisse)
15eMoyen4ème place
14eFaiblePlus sûr
7eTrès faiblePlus sûr

Les quartiers sensibles à éviter

Le 19e arrondissement présente une mosaïque de situations contrastées selon les secteurs. Certaines zones concentrent effectivement des problématiques sécuritaires qui méritent votre attention, tandis que d’autres offrent un cadre de vie paisible. Nous avons identifié les principaux secteurs nécessitant une vigilance accrue lors de vos déplacements.

Voici les quartiers qui présentent des difficultés particulières :

  • Stalingrad-Riquet constitue l’épicentre des problèmes de sécurité du 19e. Ce secteur concentre une présence marquée de consommateurs de crack, des activités de trafic de stupéfiants et des phénomènes de violence urbaine. La zone autour du métro Stalingrad et de la Rotonde devient particulièrement risquée après 19 heures.
  • Place des Fêtes et la Niz figurent parmi les zones les plus défavorisées de Paris. Le quartier connaît des problèmes récurrents de délinquance, des violences urbaines et du trafic de drogue. Les regroupements nocturnes y sont fréquents.
  • Quartier Danube a récemment connu des incidents violents, notamment des coups de feu. Le secteur est touché par des problématiques de stupéfiants, de violences urbaines et d’agressions. La Marseillaise, qui fait partie du même quartier prioritaire, a également été le théâtre d’une fusillade.
  • Secteur Jaurès et Ourcq accumule divers faits de délinquance et reste une zone où la vigilance s’impose, notamment près des stations de métro.
  • Cité Cambrai et Rosa Parks présentent des difficultés persistantes malgré une amélioration relative. Rosa Parks a été qualifié d’environnement difficile par des collectifs de riverains, cumulant problèmes de propreté et d’insécurité. Du crack est signalé dans ce secteur.
  • Laumière et la cité Reverdy sont particulièrement touchés par la consommation de crack, au point d’être surnommés le « supermarché du crack » par certains observateurs.
  • Porte d’Aubervilliers connaît des problèmes de présence de toxicomanes et de guerres entre bandes rivales.
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Les quartiers sûrs et agréables du 19e

Réduire le 19e arrondissement à ses seules zones sensibles constituerait une erreur d’appréciation majeure. L’arrondissement abrite de nombreux secteurs résidentiels calmes, recherchés par les familles et les professionnels pour leur qualité de vie exceptionnelle. Ces quartiers offrent un cadre verdoyant et sécurisé qui contraste fortement avec l’image véhiculée par certains médias.

Le Parc des Buttes-Chaumont et ses alentours représentent une zone résidentielle particulièrement prisée. Les rues qui bordent ce magnifique espace vert de 25 hectares attirent une population aisée qui apprécie la tranquillité des lieux. Le secteur bénéficie d’une surveillance renforcée et d’une ambiance de village au cœur de Paris. Le Parc de la Villette constitue un autre pôle d’attraction sécurisé, grâce à sa vocation culturelle et à la présence constante de visiteurs et de personnel.

Le quartier Mouzaïa mérite une attention particulière. Cette enclave pavillonnaire, construite sur d’anciennes carrières de gypse entre les années 1880 et 1920, offre un cadre bucolique unique dans la capitale. Les maisons basses entourées de jardins fleuris, les allées piétonnes pavées et l’ambiance champêtre en font un havre de paix très recherché. Le secteur du Canal de l’Ourcq attire promeneurs et joggeurs dans une atmosphère détendue, tandis que le secteur Crimée propose également des zones résidentielles apaisées.

Témoignages des habitants du 19e arrondissement

Les résidents du 19e arrondissement expriment des opinions divergentes qui reflètent la complexité de ce territoire. Marie, qui habite près de Stalingrad depuis quinze ans, confie que la situation s’est réellement dégradée et qu’elle ne sort plus après 20 heures. Paul, propriétaire d’un appartement près du bassin de la Villette, déplore les rassemblements quotidiens de dealers et de toxicomanes qui affectent profondément la vie de quartier. Ces témoignages illustrent les difficultés vécues par les habitants de certains secteurs qui subissent au quotidien les nuisances liées aux trafics.

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Toutefois, certains résidents de longue date nuancent considérablement ce tableau alarmiste. Jacques, habitant de la rue de Crimée depuis trente ans, estime que le 19e n’est pas plus dangereux que d’autres arrondissements parisiens et qu’il suffit simplement d’éviter certaines zones spécifiques. D’autres témoignages recueillis sur des plateformes d’avis citoyens mentionnent la beauté du quartier Combat, la sécurité ressentie dans certains secteurs et l’appréciation générale de la mixité sociale. Une habitante du quartier Amérique souligne la qualité des espaces verts, même si elle exprime des appréhensions concernant la sécurité dans les transports en commun, notamment le tramway T3B.

Comparaison avec les autres arrondissements parisiens

Contextualiser la situation du 19e arrondissement dans l’ensemble parisien permet d’obtenir une vision plus équilibrée de la réalité sécuritaire. Le 19e partage des problématiques similaires avec le 18e arrondissement, notamment autour de La Chapelle et Barbès, ainsi qu’avec le 10e arrondissement aux abords de la Gare du Nord. Ces trois territoires concentrent des défis comparables en matière de sécurité, de précarité sociale et d’intégration urbaine.

ArrondissementCaractéristiques sécuritairesProblématiques principales
18eLe plus sensible en 2024Crack, prostitution, trafics, rixes violentes
20eDeuxième plus sensibleGuerres de bandes, stupéfiants, violences
19eTroisième plus sensibleCrack, trafics, zones contrastées
10eMoyennement sensibleInsécurité gares, pickpockets, prostitution
15eFaible à moyenQuelques poches de pauvreté
14eSûrTaux criminalité faible
7eTrès sûrZone résidentielle privilégiée

À l’inverse, les 7e, 14e et 15e arrondissements offrent un visage radicalement différent de la capitale. Ces secteurs affichent des taux de criminalité environ dix fois inférieurs à ceux du 19e arrondissement. Les zones résidentielles y sont nettement plus apaisées, avec une présence policière moins nécessaire et un sentiment de sécurité largement partagé par les habitants. Cette comparaison révèle l’ampleur des disparités sécuritaires au sein de Paris intra-muros.

Conseils de sécurité pour circuler dans le 19e

Adopter quelques précautions simples vous permettra de profiter pleinement des atouts du 19e arrondissement tout en minimisant les risques. Ces recommandations reposent sur l’expérience des habitants et les conseils des autorités locales. Elles ne visent pas à créer une psychose sécuritaire mais à vous donner les clés d’une circulation sereine dans l’arrondissement.

Voici les bonnes pratiques à adopter :

  • Privilégiez les déplacements de jour, particulièrement dans les secteurs sensibles comme Stalingrad, Place des Fêtes ou Rosa Parks. La configuration change radicalement après 19 heures dans ces zones.
  • Évitez d’exhiber des objets de valeur : smartphones haut de gamme, bijoux voyants ou sacs luxueux attirent les convoitises. Rangez vos appareils électroniques lorsque vous ne les utilisez pas.
  • Restez vigilant dans les transports, notamment aux stations Stalingrad, Crimée et Ourcq où les vols et agressions sont plus fréquents. Ne vous endormez pas dans le métro et gardez vos affaires près de vous.
  • Empruntez les rues commerçantes animées plutôt que les ruelles désertes, surtout en soirée. La présence d’autres piétons et de commerces ouverts constitue un élément dissuasif.
  • Mémorisez les numéros d’urgence : composez le 17 pour la police ou le 112 pour les urgences européennes. L’application mobile « App-Elles » permet également de déclencher discrètement une alerte.
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Initiatives publiques pour améliorer la sécurité

Les autorités locales et l’État ont déployé plusieurs dispositifs visant à améliorer la sécurité dans le 19e arrondissement. Des rondes policières renforcées sont organisées dans les secteurs les plus sensibles, notamment dans le cadre des Zones de Sécurité Prioritaires qui incluent le secteur Curial-Cambrai-Stalingrad. La Préfecture de Police a intensifié sa présence dans les zones identifiées comme problématiques, avec un commissaire central spécifiquement affecté à l’arrondissement qui a fait de la lutte contre le crack une priorité absolue.

La sécurisation des établissements scolaires constitue une autre priorité majeure. Actuellement, 38 points écoles bénéficient d’une surveillance : 5 sont sécurisés directement par la Préfecture de Police pour les emplacements les plus dangereux, tandis que 33 sont pris en charge par la Ville de Paris avec des agents vacataires spécialement formés. Ces agents assurent une présence aux heures d’entrée et de sortie des classes, créant ainsi un environnement sécurisé pour les enfants et leurs parents. Des opérations de nettoyage intensifiées ont été lancées pour lutter contre l’insalubrité qui accompagne souvent les problématiques de sécurité.

Les projets de rénovation urbaine transforment progressivement certains secteurs, améliorant le cadre de vie et contribuant à réduire le sentiment d’abandon. La mobilisation citoyenne s’organise à travers des pétitions et des collectifs de riverains, notamment dans le quartier Rosa Parks. En 2024 et début 2025, vingt-deux opérations de mise à l’abri ont permis à près de 686 personnes sans domicile de bénéficier d’un hébergement d’urgence, contribuant ainsi à réduire les campements sauvages. Le Contrat de Prévention et de Sécurité de l’arrondissement formalise les engagements de tous les partenaires autour de trois axes : prévention des risques pour les jeunes, protection des personnes vulnérables et amélioration de la tranquillité publique.

Faut-il éviter le 19e arrondissement de Paris ?

La réponse à cette question ne peut être catégorique car elle dépend fondamentalement de vos critères personnels, de votre profil et du quartier spécifique que vous visez. Le 19e arrondissement ne peut être généralisé comme « dangereux » dans son ensemble. Cette vision simpliste occulterait la richesse et la diversité de ce territoire qui compte parmi les plus contrastés de la capitale. Certains secteurs comme les Buttes-Chaumont, la Mouzaïa ou les abords du Canal de l’Ourcq offrent une qualité de vie exceptionnelle, tandis que d’autres zones nécessitent effectivement une vigilance accrue.

L’arrondissement présente des atouts indéniables qui expliquent son attractivité croissante. Les espaces verts y sont particulièrement nombreux et de qualité, offrant des respirations précieuses dans le tissu urbain dense. La vie culturelle s’articule autour de lieux emblématiques comme la Cité de la Musique, la Philharmonie ou le Parc de la Villette. Les prix immobiliers demeurent plus accessibles que dans les arrondissements centraux ou occidentaux, permettant à des familles et à des jeunes actifs d’accéder à la propriété ou à des surfaces plus importantes en location.

Notre analyse révèle que le choix d’un logement dans le 19e arrondissement doit s’appuyer sur une étude minutieuse du micro-quartier envisagé. Visitez le secteur à différents moments de la journée, interrogez les commerçants et les habitants, observez l’ambiance générale avant de prendre votre décision. Restez vigilant sans tomber dans la paranoïa, et gardez à l’esprit que les statistiques montrent une amélioration progressive de la situation sécuritaire, même si des défis importants persistent dans certaines zones.

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