Vous possédez un logement classé E au DPE ou envisagez d’en acquérir un ? Cette étiquette énergétique suscite désormais de nombreuses interrogations chez les propriétaires et acquéreurs. Entre factures d’énergie élevées, contraintes réglementaires croissantes et décote à la vente, les enjeux sont bien réels. Nous vous proposons un tour d’horizon complet des obligations, des solutions de rénovation et des dispositifs d’aide financière disponibles en 2025 pour transformer cette contrainte en véritable opportunité d’amélioration de votre patrimoine.
Table des matières
ToggleQu’est-ce qu’un logement classé E au DPE ?
Un logement de classe E au DPE présente une consommation énergétique comprise entre 250 et 330 kWh par mètre carré et par an en énergie primaire, ou des émissions de gaz à effet de serre situées entre 50 et 70 kg de CO2 équivalent par mètre carré et par an. Depuis la refonte du diagnostic en 2021, l’étiquette climat-énergie retient systématiquement la plus mauvaise des deux performances, ce qui explique que certains logements anciennement classés D se retrouvent aujourd’hui en catégorie E.
Cette classification représente le deuxième groupe le plus répandu dans le parc immobilier français, avec environ 21 à 24% des résidences principales concernées selon les données de 2024, soit plusieurs millions de logements. Ces biens présentent généralement des caractéristiques communes : isolation thermique insuffisante au niveau des combles et des murs, fenêtres en simple vitrage, système de chauffage vieillissant et ventilation inadaptée. L’impact financier se traduit concrètement par des factures énergétiques annuelles comprises entre 1 600 et 2 300 euros, une charge considérable pour les ménages.
Les enjeux réglementaires pour les logements de classe E
La loi Climat et Résilience a instauré un calendrier progressif d’interdictions de location qui touchera directement les logements de classe E à partir de 2034. Depuis août 2022, ces biens subissent déjà un gel des loyers : les propriétaires bailleurs ne peuvent plus augmenter le loyer lors d’un renouvellement de bail ou d’une remise en location sans avoir réalisé des travaux de rénovation énergétique.
| Date d’application | Classe DPE concernée | Nombre de logements estimés |
|---|---|---|
| Depuis janvier 2025 | Classe G | Environ 1,5 million |
| 1er janvier 2028 | Classe F | Environ 1 million |
| 1er janvier 2034 | Classe E | Environ 2,5 millions |
Depuis janvier 2025, une nouvelle contrainte s’ajoute pour les propriétaires souhaitant vendre leur bien classé E : l’obligation de fournir un audit énergétique réglementaire lors de la transaction immobilière. Ce document détaillé, qui vient compléter le DPE, doit présenter au moins deux scénarios de travaux avec leur estimation financière et les aides mobilisables. Cette mesure vise à informer les acquéreurs potentiels sur les travaux nécessaires et leur coût prévisionnel.
Impact sur la valeur et la vente d’un bien classé E
Les logements de classe E subissent une décote significative lors de leur mise en vente, avec des variations importantes selon les régions françaises. D’après les données des Notaires de France de 2022, cette dépréciation s’établit à 2% en Île-de-France, monte à 4% en Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur, atteint 6% en Bretagne et dans les Pays de Loire, pour culminer à 9% dans le Grand Est. Sur une maison de 200 000 euros, cela représente une perte pouvant aller jusqu’à 18 000 euros selon le territoire.
Cette réticence des acquéreurs s’explique par plusieurs facteurs rationnels. La perspective de factures énergétiques élevées pèse lourdement dans leur décision d’achat, tout comme l’anticipation du coût des travaux de rénovation nécessaires pour améliorer la performance du logement. Les contraintes réglementaires futures, notamment l’interdiction de location programmée pour 2034, constituent un frein supplémentaire pour les investisseurs locatifs. L’audit énergétique obligatoire depuis 2025 joue toutefois un rôle positif en apportant une transparence sur les travaux à prévoir et leur budget, ce qui permet de rassurer certains acquéreurs et de crédibiliser les négociations.
Les travaux prioritaires pour améliorer un DPE E
Pour faire progresser significativement la classe énergétique d’un logement E, nous recommandons de cibler les postes de déperdition thermique les plus importants. L’objectif minimal consiste à gagner au moins deux classes énergétiques, ce qui permet d’accéder aux financements les plus avantageux du dispositif MaPrimeRénov’ Parcours accompagné. Les interventions doivent suivre une logique de performance globale plutôt que de travaux isolés.
Les principaux chantiers à envisager incluent les éléments suivants :
- L’isolation thermique des combles ou de la toiture représente la priorité absolue, ces zones étant responsables de 25 à 30% des déperditions énergétiques dans une maison non isolée. Le coût moyen se situe entre 20 et 70 euros par mètre carré selon la technique employée.
- L’isolation des murs par l’extérieur ou par l’intérieur permet de traiter le second poste de déperdition majeur. Les tarifs varient de 50 à 150 euros par mètre carré selon la méthode choisie.
- Le remplacement des fenêtres en simple vitrage par du double ou triple vitrage améliore sensiblement le confort thermique, avec un investissement moyen de 300 à 1 000 euros par fenêtre.
- L’installation d’un système de chauffage performant, comme une pompe à chaleur air-eau ou une chaudière à granulés automatique, constitue un levier essentiel de réduction des consommations. Les pompes à chaleur air-eau affichent un coût compris entre 10 000 et 16 000 euros, tandis qu’une chaudière à granulés se situe entre 15 000 et 20 000 euros.
- La mise en place d’une ventilation mécanique contrôlée double flux, conditionnée à la réalisation de travaux d’isolation, assure le renouvellement de l’air tout en limitant les pertes thermiques.
Les aides financières disponibles en 2025
Le financement des travaux de rénovation énergétique bénéficie d’un accompagnement public substantiel en 2025, accessible à tous les propriétaires quels que soient leurs revenus. L’Agence nationale de l’habitat dispose d’un budget d’intervention de 4,4 milliards d’euros pour soutenir les projets de rénovation, ce qui témoigne de la volonté de massifier les rénovations énergétiques sur le territoire.
MaPrimeRénov’ par geste constitue le dispositif principal pour financer des travaux d’isolation ou de changement de système de chauffage. Les montants forfaitaires varient selon les revenus du ménage : pour une chaudière à granulés automatique, l’aide atteint 5 000 euros pour les ménages très modestes, 3 850 euros pour les ménages modestes et 2 100 euros pour les ménages intermédiaires. L’isolation des murs par l’extérieur bénéficie d’un soutien de 75 euros par mètre carré pour les très modestes, 60 euros pour les modestes et 40 euros pour les intermédiaires, dans la limite de 100 mètres carrés. Les ménages très modestes peuvent obtenir une avance de 50% du montant de leur prime.
Le dispositif MaPrimeRénov’ Parcours accompagné s’adresse aux projets de rénovation d’ampleur permettant un gain minimal de deux classes énergétiques. Les taux de prise en charge s’établissent à 80% pour les ménages très modestes, avec un plafond de travaux de 40 000 euros, soit une aide pouvant atteindre 32 000 euros. Un bonus de sortie de passoire thermique de 10% du montant des travaux s’applique lorsque le logement passe d’une classe F ou G à une classe D minimum. Ce parcours impose le recours obligatoire à Mon Accompagnateur Rénov’, dont le coût est pris en charge à 100% pour les très modestes et à 80% pour les modestes, dans la limite de 2 000 euros.
Les aides complémentaires incluent les primes CEE des fournisseurs d’énergie, qui peuvent atteindre 4 000 euros supplémentaires selon les travaux, le chèque énergie d’un montant de 48 à 277 euros pour les ménages modestes, l’éco-prêt à taux zéro permettant de financer jusqu’à 50 000 euros de travaux sur 20 ans, et la TVA réduite à 5,5% appliquée directement sur les factures des entreprises RGE. Les collectivités locales proposent parfois des aides additionnelles qu’il convient de vérifier auprès des Espaces France Rénov de votre territoire.
Rénovation d’ampleur ou travaux par étapes : quelle stratégie ?
La rénovation d’ampleur en une seule opération présente des avantages financiers et techniques considérables. Cette approche globale permet de bénéficier de taux de financement pouvant atteindre 80% du montant des travaux pour les ménages très modestes, avec des plafonds de dépenses éligibles de 40 000 euros. L’obligation de réaliser au minimum deux gestes d’isolation thermique et de gagner deux classes énergétiques assure une transformation réellement performante du logement. L’accompagnement par Mon Accompagnateur Rénov’, professionnel agréé qui suit toutes les étapes du projet, sécurise techniquement et administrativement l’opération. Sur le plan économique, les économies d’échelle réalisées sur les coûts d’échafaudage, de main-d’œuvre et d’ingénierie réduisent substantiellement la facture finale comparée à des interventions successives.
La stratégie de travaux par étapes reste néanmoins pertinente dans certaines configurations. Les ménages disposant d’un budget contraint peuvent répartir les dépenses dans le temps, même si les aides MaPrimeRénov’ par geste offrent des montants forfaitaires moins généreux que le parcours accompagné. Cette option convient aux propriétaires qui n’ont pas d’urgence réglementaire immédiate, notamment les occupants sans projet de mise en location. Nous recommandons toutefois de toujours concevoir les travaux selon une vision globale cohérente, quand bien même leur réalisation serait échelonnée. Traiter d’abord l’isolation de l’enveloppe avant de changer le système de chauffage constitue la séquence la plus rationnelle, car un logement mieux isolé nécessitera un équipement de chauffage moins puissant et donc moins coûteux.
DPE E : faut-il vendre, rénover ou attendre ?
Les propriétaires bailleurs font face à une équation complexe. Vendre rapidement avant l’échéance de 2034 permet d’éviter l’investissement dans des travaux de rénovation, mais implique d’accepter une décote pouvant atteindre 9% selon les régions et de renoncer aux revenus locatifs futurs. Rénover dès maintenant présente l’avantage de valoriser le patrimoine, de maintenir la possibilité de louer sans contrainte et de bénéficier des aides financières actuelles dont les montants pourraient évoluer défavorablement dans les années à venir. Le gel des loyers en vigueur depuis août 2022 pénalise déjà la rentabilité locative des biens de classe E, ce qui plaide pour une action rapide.
Pour les propriétaires occupants, la rénovation constitue généralement le choix le plus judicieux. L’amélioration du confort thermique se traduit immédiatement par une réduction des factures énergétiques pouvant atteindre 30 à 40% selon l’ampleur des travaux réalisés. La valorisation du bien lors d’une revente ultérieure compense largement l’investissement consenti, d’autant que les logements performants bénéficient désormais d’une surcote significative sur le marché. L’accès aux dispositifs d’aide en 2025 reste particulièrement favorable, avec des taux de prise en charge atteignant 80% pour les ménages modestes dans le cadre d’une rénovation d’ampleur.
L’option consistant à attendre comporte des risques majeurs. L’évolution réglementaire pourrait se durcir davantage, les aides financières publiques subissent régulièrement des ajustements à la baisse comme l’illustre la réduction de 30% des forfaits pour les chaudières biomasse intervenue en 2025, et la décote des logements énergivores sur le marché immobilier tend à s’accentuer avec la prise de conscience croissante des acheteurs. Anticiper permet de maîtriser son calendrier de travaux, de choisir sereinement ses artisans et de négocier les meilleurs tarifs sans être contraint par l’urgence d’une réglementation ou d’une vente précipitée.


